Entre Crise Économique et Tensions Géopolitiques : L'Afrique, Nouvel Acteur Clé de l'Échiquier Mondial

Plongez au cœur des dynamiques qui transforment l'Afrique en acteur incontournable sur la scène internationale. Ce reportage explore les relations stratégiques entre l'Algérie, la Russie et la Chine, dévoilant leur rôle dans la redéfinition de l'équilibre géopolitique mondial, tout en affirmant la souveraineté économique de l'Afrique dans un nouvel ordre multipolaire en pleine émergence.

GÉOPOLITIQUEÉCONOMIE

La crise économique mondiale continue d'évoluer dans un contexte marqué par des tensions géopolitiques croissantes et des reconfigurations stratégiques majeures. Depuis le séisme financier de 2008, les économies mondiales peinent à retrouver une stabilité durable. À cela s'ajoutent les conséquences imprévues de la crise sanitaire du Covid-19, qui a accéléré la hausse des dettes globales à des niveaux sans précédent. Les structures économiques et politiques traditionnelles sont mises à l'épreuve, et le monde assiste à une redistribution des cartes, où l'influence des grandes puissances et les enjeux de souveraineté prennent une importance cruciale dans la redéfinition des équilibres globaux .

L’escalade des tensions entre grandes puissances : Russie, États-Unis et l’Otan

Dans ce contexte global incertain, les tensions géopolitiques entre la Russie et les États-Unis s’intensifient. Ces désaccords se concentrent autour du bouclier antimissile américain déployé en Turquie, Pologne et Roumanie, dont la portée affecte près de 40 % de la puissance de frappe nucléaire terrestre russe. Depuis l’effondrement de l’Union soviétique, l’Otan a progressivement étendu son influence militaire en Europe, implantant plus de 800 bases, certaines proches des frontières russes. Cette expansion, conjuguée à la guerre en Ukraine et aux sanctions contre la Russie, comme celles liées au sabotage du gazoduc Nord Stream 2, a entraîné une réponse stratégique de Moscou. Le développement d’armes hypersoniques par la Russie illustre cette volonté de contrer l’influence militaire de l’Otan, tout en maintenant la possibilité de dialogue au sein des enceintes internationales comme l’ONU.

La rivalité entre États-Unis et Chine : la route de la soie au cœur des enjeux

En parallèle, la Chine s’impose comme une puissance économique et géopolitique incontournable. Qualifiée de « danger systémique » par les États-Unis, la Chine, avec son projet ambitieux de la nouvelle Route de la Soie, bouscule l’ordre établi. Pékin déploie une stratégie diplomatique et financière agressive, cherchant à étendre son influence en Asie, en Europe et en Afrique. Cependant, cette montée en puissance est perçue comme une menace par Washington, qui redouble d’efforts pour contrecarrer les ambitions chinoises.

Sur ce point, l’unanimité n’est pas acquise au sein de l’Occident. Emmanuel Macron, lors du sommet de l’Otan, a rappelé que « le rapport à la Chine n’est pas que militaire » et qu’il est essentiel de maintenir un équilibre dans les relations avec Pékin. Néanmoins, les stratèges américains estiment que l’avenir du monde se jouera dans la région Pacifique, avec la Chine, l’Inde, la Russie et les États-Unis comme principaux acteurs. Par conséquent, l’intérêt américain pour le Moyen-Orient s’amenuise, bien que Washington continue d’y maintenir une influence en sous-traitant son engagement à des puissances régionales comme Israël.

Le Maghreb et l'Afrique : nouveaux terrains de rivalité stratégique

Dans cette reconfiguration mondiale, le Maghreb, et plus particulièrement l'Algérie, occupe une place stratégique majeure. Historiquement alliée de la Russie, l’Algérie entretient une relation de longue date avec Moscou. Ce partenariat s'est renforcé au fil des décennies, notamment à travers des accords militaires et énergétiques. Les manœuvres navales conjointes entre la marine russe et algérienne, ainsi que la réception de la flotte russe à la base de Mars El Kébir, en sont des illustrations récentes.

Cependant, ces relations ne sont pas sans tensions. La situation au Mali, où la Russie soutient militairement certaines factions à travers le groupe de mercenaires Wagner, inquiète Alger. L'Algérie a exprimé son désaccord avec ces interventions étrangères, craignant une déstabilisation de la région sahélienne. Les tensions se sont exacerbées avec la présence accumulée des forces du maréchal Khalifa Haftar, un allié de Moscou, près de la frontière libyo-algérienne.

Malgré ces désaccords ponctuels, l'Algérie et la Russie partagent des priorités communes stratégiques. La promotion du multilatéralisme et la défense de la souveraineté économique, notamment vis-à-vis du dollar américain, sont des points de convergence importants. En outre, la Russie et l'Algérie considèrent toutes deux la Chine comme un partenaire privilégié dans la fonte d'un ordre mondial moins centré sur l'hégémonie occidentale. L'Algérie, en tant que membre influent de l'Union africaine et du Mouvement des Non-alignés, prône un équilibre des relations internationales, une vision partagée par Moscou et Pékin.

Un partenariat algéro-russe renforcé par des intérêts communs

Le partenariat entre Alger et Moscou s'inscrit dans une logique de long terme. L'Algérie, acteur majeur sur la scène énergétique internationale, trouve en la Russie un partenaire fiable pour maintenir son autonomie et sa souveraineté, particulièrement face aux pressions économiques et politiques de l'Occident. Ce partenariat repose également sur la conviction partagée que l'hégémonie du dollar doit être réduite au profit d'un système économique plus multipolaire, une vision également soutenue par la Chine.

En dépit des divergences sur les questions régionales comme le Mali, les deux nations continuent de se considérer comme des partenaires stratégiques essentiels. La Russie reste un fournisseur clé d'équipements militaires pour l'Algérie, et les exercices militaires conjoints illustrent la profondeur de cette coopération. Dans les années à venir, ce partenariat pourrait se renforcer davantage à mesure que les deux nations, avec l'appui de la Chine, chercheront à promouvoir un ordre mondial qui privilégie la souveraineté des États et un multilatéralisme plus inclusif.

L’Afrique au centre des enjeux futurs

L'avenir de l'Afrique, en particulier des régions du Maghreb et du Sahel, est désormais intimement lié aux grandes dynamiques géopolitiques mondiales. Le continent, riche en ressources naturelles et en potentiel économique, porte de plus en plus l'attention des grandes puissances, chacune cherchant à accroître son influence sur ce territoire stratégique. Cependant, cette nouvelle lutte d'influence n'est pas sans risques, car elle peut alimenter des tensions politiques et économiques locales déjà fragiles. Le Maghreb, avec l'Algérie en tête, est au centre de cette reconfiguration mondiale, jouant un rôle pivot dans l'équilibre des forces qui s'effritent

Grâce à sa position géographique stratégique, à la croisée de l'Europe, de l'Afrique et du Moyen-Orient, l'Algérie se trouve à la jonction des intérêts économiques et militaires de nombreuses puissances. Elle est le plus grand pays africain en superficie, possédant des ressources énergétiques considérables, notamment en gaz naturel, ce qui en fait un acteur clé dans la sécurité énergétique régionale et mondiale. Cette position unique confère à l'Algérie un poids géopolitique majeur, lui permettant de négocier avec ses partenaires internationaux tout en restant fidèle à une ligne de souveraineté nationale.

En cette période où les grandes puissances redoublent d'efforts pour influencer l'Afrique, l'Algérie, consciente des enjeux, maintenir une politique étrangère fondée sur le principe de non-alignement et de coopération multilatérale. Ses relations privilégiées avec la Russie, consolidées par des décennies de coopération militaire et économique, témoignent de son désir de maintenir des partenariats solides en dehors de l'hégémonie occidentale. De plus, la Chine, à travers son projet de la nouvelle Route de la Soie, trouve en l'Algérie un partenaire stratégique en Afrique du Nord. Ces alliances témoignent de la volonté algérienne de s'ancrer dans un nouvel ordre mondial multipolaire, où les grandes puissances coexistent sans chercher à imposer leur hégémonie, privilégiant plutôt la coopération et le respect des souverainetés.

L'influence de l'Algérie dépasse ses frontières, car elle est devenue une voix importante au sein de l'Union africaine, plaidant pour une Afrique qui soit maître de son destin. Le continent, autrefois perçu comme un terrain de jeu pour les puissances étrangères, devient un acteur incontournable sur la scène internationale. Les décisions prises à Alger, Abuja, Pretoria ou Addis-Abeba influenceront sans aucun doute les futures relations entre les puissances mondiales. Pour l'Algérie, la souveraineté ne se limite pas à ses propres frontières, mais s'étend à la défense des droits des nations africaines contre toute forme de néocolonialisme ou de domination économique.

En conclusion, l'Afrique, avec l'Algérie en avant-garde, n'est plus un simple spectateur dans les affrontements géopolitiques mondiaux. Elle devient un acteur central, capable de peser dans les décisions qui redéfiniront l'équilibre global. Tandis que les grandes puissances ajustent leurs stratégies pour conquérir ou maintenir leur influence sur le continent, l'Algérie, fidèle à son héritage de non-alignée, entend bien défendre une voie autonome, axée sur le multilatéralisme, la coopération Sud-Sud et la préservation des intérêts africains. Le futur des relations internationales ne pourra se dessiner sans prendre en compte le rôle grandissant de l'Afrique, et en particulier celui d'une Algérie qui, forte de ses partenariats avec la Russie et la Chine, est plus que jamais prête à assumer son rôle de leader.

TRZ