
Algérie vs France : Les Tensions Économiques et Géopolitiques au Coeur du Sahara Occidental
Découvrez les tensions géopolitiques entre l'Algérie et la France, l'impact du Sahara occidental et du conflit en Palestine, l'ambition de l'Algérie sur la scène internationale, la conquête du marché européen, le projet d'hydrogène vert, la commémoration du 1 er novembre 1954.
ÉCONOMIEGÉOPOLITIQUE
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Dans un monde marqué par des alliances géopolitiques fluctuantes et des intérêts économiques divergents, les relations entre la France et l'Algérie entrent dans une phase sans précédent.
Au cœur de ces tensions se trouve le Sahara occidental, un territoire désigné par les Nations Unies comme l'un des derniers vestiges de la décolonisation, où les aspirations d'indépendance se heurtent aux enjeux géopolitiques complexes de la région.
Contexte des Tensions
Parallèlement, l'affaire de la pâte à tartiner algérienne El Mordjene, récemment bloquée en France, illustre la résurgence d'une industrie algérienne en quête de reconnaissance sur le marché européen, malgré des obstacles significatifs. Ce blocage suscite des interrogations sur l'égalité de traitement des produits algériens dans l'UE, surtout lorsqu'on les compare aux produits européens bénéficiant d'un accès quasi illimité au marché algérien.
Parallèlement, l'Algérie accélère ses efforts pour produire de l'hydrogène vert, comme en témoigne le récent contrat signé pour le projet SoutH2, renforçant sa position d'acteur clé dans la transition énergétique mondiale. Découvrons comment ces tensions, qu'elles soient économiques ou géopolitiques, mettent en lumière les fractures profondes dans les relations entre l'Algérie et la France, tout en révélant les ambitions stratégiques de l'Algérie sur la scène internationale.
Analysons comment ces tensions, qu'elles soient économiques ou géopolitiques, révèlent des fractures profondes dans les relations bilatérales entre l'Algérie et la France.
Les Revendications Sahraouies
Le Sahara occidental, territoire aride mais riche en ressources naturelles, se trouve au cœur des aspirations à l'indépendance du peuple sahraoui. Bien que l'Espagne, ancienne puissance coloniale, ait une responsabilité historique de garantir le droit à l'autodétermination, la décolonisation du Sahara occidental est loin d'être simple. Les enjeux sont bien plus complexes.
Les récentes déclarations d'Emmanuel Macron, Donald Trump et Pedro Sánchez soulignent une tendance préoccupante : la question sahraouie est de plus en plus instrumentalisée pour servir des intérêts géopolitiques, souvent au détriment des principes du droit international. Il est essentiel de rappeler que les déclarations unilatérales de personnalités politiques, telles que celles de Trump ou Macron, ne modifient en rien le cadre juridique international. Selon le droit international, toute modification des frontières ou reconnaissance de souveraineté sur un territoire disputé doit passer par des instances internationales telles que l'ONU, qui a été mandatée pour traiter ce conflit depuis des décennies.
Le Sahara occidental est inscrit par les Nations Unies en tant que territoire non autonome, et donc, soumis au processus de décolonisation. Le Conseil de sécurité de l'ONU, avec la participation d'envoyés spéciaux comme Staffan de Mistura, l'actuel représentant de l'ONU pour le Sahara occidental, est responsable de toute avancée vers une résolution définitive.
La mission de l'ONU, à travers la MINURSO (Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental), reste un témoin et un acteur de ce processus diplomatique. Les déclarations de certains dirigeants en fin de mandat, cherchant à obtenir du crédit politique ou à répondre à des intérêts économiques ponctuels, n'ont en réalité aucun impact durable dans le cadre du droit international. La reconnaissance des frontières ne repose pas sur des déclarations, mais sur un processus diplomatique rigoureux, où seules les décisions collectives et impartiales prises par le Conseil de sécurité peuvent conférer une légitimité et une pérennité.
Ainsi, bien que certains États puissent exprimer des opinions, la question du Sahara occidental demeure en fin de compte, entre les mains de la communauté internationale. Il est important pour l’Algérie de continuer à soutenir un processus qui respecte le droit à l’autodétermination, dans le respect des principes des Nations Unies et des aspirations du peuple sahraoui. Les relations franco-algériennes en subissent également les conséquences, alors que la France affiche son soutien au plan d'autonomie du Maroc pour le Sahara occidental.
L'Algérie, quant à elle, apporte un soutien solide au Front Polisario, qui réclame l'organisation d'un référendum d'autodétermination pour le peuple sahraoui, en accord avec le droit international. Face au soutien affiché par Paris pour Rabat, l'Algérie a retiré son ambassadeur et menace d'adopter des mesures de rétorsion économique.
Dans sa quête de rapprochement avec le Maroc, la France renforce ses liens avec Rabat. Ce n'est pas la première fois, bien sûr, que Paris semble reléguer au second plan les principes du droit international. En soutenant le plan d'autonomie marocain pour le Sahara occidental, la France adopte une position qui rappelle tristement d'autres situations où elle a préféré apporter son soutien inconditionnel– dans des contextes où le respect des droits humains était en jeu .
On pense notamment à son appui inconditionnel à Israel, en plein génocide à Gaza. Une barbarie d’état, visible en direct sur les réseaux sociaux et dénoncé dans le monde entier. D'ailleurs, l'alliance marocco-sioniste prend une dimension actuelle des plus troublantes : tout récemment, des soldats marocains sont venus en renfort aux côtés de l'armée israélienne, débordée par la situation en Palestine occupée.
Cela renforce une dynamique que la France semble, encore aujourd'hui, trouver fort utile pour ses intérêts géopolitiques
L'Algérie et l'Hydrogène Vert
L'Algérie accélère ses efforts pour produire de l'hydrogène vert.
Le projet SoutH2, en collaboration avec des entreprises allemandes, italiennes et autrichiennes, a franchi une nouvelle étape avec la signature d'un protocole d'accord pour réaliser des études de faisabilité.
Ce projet stratégique, conçu pour acheminer l’hydrogène vert algérien en direction de l'Allemagne en passant par la Tunisie, l'Italie et l'Autriche, marque un tournant significatif dans les relations énergétiques entre l'Algérie et l'Europe. La signature de cet accord le 14 octobre à Oran, en présence de hauts responsables algériens et européens, souligne la volonté de promouvoir une transition énergétique tout en réduisant la dépendance aux énergies fossiles.
Le projet SoutH2 Corridor, qui prévoit de livrer 4 millions de tonnes d'hydrogène vert par an, bénéficie non seulement du soutien des gouvernements concernés mais également de l'appui de la Commission européenne. L’absence remarquée de la France parmi les partenaires sélectionnés pour ce projet met en lumière une possible réponse à la politique française vis-à-vis de l’Algérie. Cette exclusion met en lumière une incohérence dans la stratégie de la France, dont les conséquences pourraient dépasser le cadre du secteur énergétique, aggravant les tensions bilatérales.
En lançant des initiatives telles que le projet de gazoduc Galsi, conçu pour transporter non seulement du gaz, mais aussi de l’hydrogène vert, de l’ammoniac et de l’électricité, l'Algérie affirme sa position d'acteur clé dans l'approvisionnement énergétique de l'Europe. Cela renforce non seulement son attractivité, mais aussi son influence dans les relations euro-méditerranéennes, redéfinissant ainsi les dynamiques géopolitiques de la région.
L’Algérie ne se contentera pas d'être un fournisseur d'hydrogène vert ; elle est un acteur économique dynamique avec une vision stratégique claire. Alors que l'Europe cherche désespérément des alternatives énergétiques face aux crises multiples, l’Algérie, avec ses richesses en ressources naturelles et ses ambitions dans des secteurs variés tels que l’agriculture et les mines, avec des investissements massifs dans les industries sidérurgiques, chimiques, pétrochimiques et agroalimentaires, se positionne en partenaire incontournable.
Le cas El-Mordjène
Le 13 septembre 2024, un lot de la pâte à tartiner algérienne El Mordjène de l’entreprise CEBON basée à Oran, a été bloqué au port de Marseille, malgré sa commercialisation en France depuis 2023. Le ministère français de l'Agriculture a justifié cette interdiction par la présence de poudre de lait, qui ne peut pas être exportée de l'Algérie vers l'UE, bien que celle-ci provient de France.
Cette abération soulève des interrogations sur les accords de partenariat avec l'Union Européenne, d'autant plus que le produit respecte les normes les plus strictes. En Algérie, certains interprètent cette décision comme une mesure de protectionnisme, tandis que les produits nationaux, issus d'un terroir riche et exceptionnel, se distinguent par une qualité reconnue sur la scène internationale. Cette excellence est soutenue par une compétitivité renforcée grâce à une énergie bon marché et à une main d'œuvre locale jeune, hautement qualifiée, créative et innovante.
L'affaire met en évidence les barrières normatives imposées par l'UE, révélant une conception inéquitable des accords d'association où les pays du Sud sont tenus d'ouvrir leurs marchés sans bénéfices réciproques. De plus, cette interdiction ternit l'image de l'UE en Algérie et met en lumière l'incohérence de la politique de Macron, qui semble adopter une approche de deux poids, deux mesures, en bloquant les produits algériens tout en soutenant le Maroc. Cela pourrait mettre en péril les relations commerciales futures entre l'Algérie et l'Europe, en particulier à l'heure où se dessinent d'importants investissements industriels, tant privés qu'étrangers, dans diverses wilayas du pays.
Ces investissements touchent des secteurs clés tels que le textile, l'électronique, l'électroménager, le secteur pharmaceutique ainsi que la sous-traitance industrielle pour les industries mécaniques, les hydrocarbures et les énergies renouvelables.
À mesure que ces projets structurants prennent forme avec des budgets considérables, ils joueront un rôle central dans le repositionnement économique de l’Algérie et pourraient redéfinir les dynamiques de partenariats internationaux pour les années à venir.
Un Atout Géoéconomique Incontournable
L’Algérie entend diversifier ses relations économiques au-delà de l'énergie. En misant sur le développement d’un secteur agro-alimentaire robuste et en promouvant des technologies innovantes, le pays affirme sa volonté de devenir un leader dans ce secteur, renforçant ainsi la sécurité alimentaire régionale et continentale. De plus, les négociations actuelles avec l'Union européenne s'inscrivent dans une volonté de bâtir des relations mutuellement bénéfiques, où l'Algérie tire profit de son statut de passerelle vers l'Afrique tout en consolidant ses propres intérêts économiques. L’Algérie se positionne comme la porte d’entrée de l'Afrique sur le plan géopolitique et économique. Ses richesses en ressources naturelles, son emplacement stratégique et son engagement en faveur du développement durable lui confèrent un rôle central dans la dynamique continentale. À travers ses initiatives, l’Algérie se présente comme un modèle de coopération sud-sud, plaidant pour une Afrique unie qui défend ses propres intérêts.
Un rapprochement stratégique avec les BRICS
Lors du sommet des BRICS à Kazan, en Russie, Vladimir Poutine a révélé un billet symbolique illustrant les drapeaux des pays membres, parmi lesquels figure l'Algérie, récemment admise en tant que membre partenaire du groupe. Bien que ce billet ne possède pas de valeur monétaire, il incarne l'union des économies émergentes et l'ambition des BRICS de créer une monnaie commune, visant à atténuer leur dépendance au dollar américain.
Ce rapprochement représente une étape significative pour l'Algérie, désireuse d'affirmer son rôle central dans la coopération au sein des BRICS. En intégrant ce groupe, l'Algérie réaffirme sa volonté de participer à la redéfinition des relations économiques mondiales, en favorisant des échanges moins tributaires des monnaies occidentales, même si, pour l’instant, une intégration complète dans les BRICS n'est pas à l'ordre du jour.
Un Engagement Diplomatique Audacieux
Sur la scène internationale, l’Algérie ne recule pas face aux défis géopolitiques.
Sa position ferme sur les questions de justice et d’autodétermination, que ce soit pour le peuple palestinien ou pour les territoires sahraouis, témoigne d'une posture de défenseur des droits humains. Elle met en lumière l'hypocrisie de certains pays, comme le Maroc et surtout la France, qui prétend promouvoir la démocratie tout en bafouant le droit international. L’Algérie se positionne aujourd'hui comme un pilier de la justice internationale, tout en naviguant à travers les turbulences géopolitiques qui l’entourent.
Le 1er novembre, nous avons célébré le 70ème anniversaire du déclenchement de la guerre de libération, un moment historique qui rappelle l’esprit déterminé et résilient de nos martyrs emblématiques et héros de la Révolution.
Cet héritage se reflète dans l’engagement actuel de l’Algérie envers la souveraineté et le droit à l’autodétermination, particulièrement dans le contexte du Sahara Occidental et de la Palestine.










L’Histoire comme Fondement d’un Futur Équitable
L’Algérie s’appuie également sur son histoire de lutte pour la liberté et la dignité.
L’héritage de figures emblématiques comme Larbi Ben Mehdi, et les commémorations du 1er novembre 1954, rappellent le combat acharné pour l’indépendance. Ces références historiques renforcent la légitimité de l’Algérie sur la scène internationale, affirmant son rôle de garant des valeurs de justice et de solidarité.
Alors que le Maroc tente d'étouffer la voix des Sahraouis en s’appropriant un territoire reconnu comme non autonome, l’Algérie, fidèle à ses principes, défend leur droit à l’autodétermination, en conformité avec les résolutions des Nations Unies. Ce combat pour la liberté résonne également à l’échelle internationale, où les droits des Palestiniens continuent d’être bafoués sous le régime de l'entité sioniste.
Le récent défilé militaire à Alger, qui a mis en avant la puissance et la détermination de l’Armée nationale populaire, s’inscrit dans cette volonté de renforcer la souveraineté nationale et de rappeler le monde à ses responsabilités. Pendant ce temps, la visite de Macron au Maroc, à ce moment précis, ne peut être vue que comme une provocation, une tentative de créer des alliances à des fins géopolitiques, tout en ignorant les souffrances des peuples.
Les tensions persistantes entre la France et l'Algérie mettent en évidence des enjeux géopolitiques et économiques d'une grande complexité. Les préoccupations françaises au sujet des visas apparaissent davantage comme un outil de diversion, voire une manœuvre électoraliste, qu'une véritable source d'inquiétude. Abdelmadjid Tebboune a dénoncé les lobbies nostalgiques de l’Algérie française qui entravent le rapprochement bilatéral, tout en rappelant les blessures historiques liées aux massacres du 17 octobre 1961.
Ainsi, alors que les deux pays tentent de renouer le dialogue sur des questions mémorielles, ils doivent aussi naviguer dans un paysage diplomatique marqué par des rivalités régionales. Cette dynamique complexe souligne non seulement les défis auxquels l'Algérie et la France sont confrontées, mais aussi l'importance de la mémoire collective dans la construction de relations futures.
En somme, l’Algérie s’affirme comme un acteur clé sur la scène internationale, déterminée à faire entendre sa voix face aux injustices persistantes et à promouvoir un ordre mondial où l’équité prime. Son engagement pour une Algérie Nouvelle sous l'impulsion du président Abdelmadjid TEBBOUNE et sa défense des droits des peuples, sont des éléments qui la distinguent.
Il est impératif que la communauté internationale prenne la pleine mesure de cette nouvelle dynamique algérienne. La véritable reconnaissance des efforts déployés par le pays est non seulement essentielle, mais constitue également le fondement d'une vision d'avenir ambitieuse, où justice et dignité ne sont pas de simples aspirations, mais des réalités tangibles et partagées par tous.
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