Algérie 2025 : Montée en Puissance Militaire et Nouveaux Défis Économiques

En 2025, l'Algérie renforce sa position militaire avec un budget record de 25,1 milliards de dollars pour faire face aux tensions régionales et aux défis de sécurité. Face aux alliances France-Maroc-Israël et à l'instabilité au Sahel, le pays modernise ses forces armées pour protéger sa souveraineté. Parallèlement, l'Algérie consolide son rôle énergétique en Europe et mise sur des réformes pour attirer les investissements économiques, diversifier ses sources de revenus et renforcer sa résilience face aux fluctuations du marché pétrolier.

GÉOPOLITIQUEÉCONOMIE

L'Algérie s'apprête à franchir une étape historique en atteignant un budget militaire inédit. Avec une enveloppe prévue de 3,35 trillions de dinars, soit environ 25 milliards de dollars, le budget de la défense enregistrera une hausse de 16 % par rapport à l'année précédente, ce qui fait de l'Algérie l'un des plus gros investisseurs militaires d'Afrique et du Moyen-Orient.

Cette décision n'est pas anodine : elle répond à une série de défis sécuritaires et stratégiques qui se profilent dans un contexte de forte instabilité régionale, exigeant une réactivité accrue de l'Algérie pour protéger sa souveraineté.

Un contexte sécuritaire régional tendu

Le budget algérien de la Défense franchit la barre des 25 milliards de dollars pour 2025.

Ce choix significatif s'explique par les tensions géopolitiques croissantes dans la région. L'Algérie se retrouve à l'orée de « menaces régionales sans précédent », au cœur d'un échiquier géopolitique où les alliances se redessinent de façon stratégique. En toile de fond, l'alliance émergente entre la France, le Maroc et Israël autour de la question du Sahara occidental cristallise les inquiétudes d'Alger, qui perçoit cette convergence comme une pression directe sur sa sécurité nationale et ses intérêts régionaux.

Ce pacte, jugé déstabilisateur, s'inscrit dans un contexte déjà tendu, marqué par une déstabilisation croissante au Sahel, où des groupes armés, opérant désormais sur de vastes zones, menacent d'embrasser les frontières. Dans ce cadre, l'Algérie se voit contrainte de rehausser sa vigilance et de consolider sa puissance militaire pour faire face à un environnement devenu plus périlleux et complexe. Plus qu'un simple renforcement des capacités de défense, l'Alger vise à assurer la sécurité de sa population, à préserver sa souveraineté nationale et à protéger ses investissements stratégiques, tout en consolidant une position de force dans une région en pleine mutation. 

Modernisation de l'armée et positionnement

Pour assurer la défense de ses frontières et maintenir une présence stratégique dans la région, l'Algérie prévoit de moderniser ses forces armées. Ces investissements seront consacrés à l'acquisition d'équipements de pointe et au renforcement de ses infrastructures militaires. Cette posture défensive vise à garantir la stabilité nationale et à dissuader les menaces potentielles qui pourraient peser sur l'Algérie et sa population, en projetant une image de force et de résilience, face à l’instabilité du voisinage.

Le voisinage régional de l’Algérie connaît des changements rapides, des dangers et des menaces, ce qui rend nécessaire cette démarche

Un acteur énergétique essentiel pour l'Europe

Outre le renforcement militaire, l'Algérie s'efforce également de consolider sa position comme fournisseur énergétique incontournable pour l'Europe.

Depuis la crise déclenchée par l'expansionnisme de l'OTAN aux portes de la Russie, ayant culminé avec le conflit en Ukraine, l’Algérie est devenue une alternative stratégique aux approvisionnements en gaz et pétrole pour de nombreux pays européens. Le projet de loi de finances de 2025 prévoit une augmentation des exportations énergétiques de 1,9 %, avec un prix de référence de 70 dollars le baril. Ces perspectives permettront de soutenir la croissance nationale, avec un taux de 4,5 % amélioré sur les deux prochains exercices, tout en renforçant les investissements stratégiques dans les secteurs prioritaires, tels que les infrastructures, les énergies renouvelables et l'industrie manufacturière.

Cette diversification pourrait inclure des projets de développement d'hydrogène vert, destinés à l'exportation vers l'Europe, qui s'inscrivent dans un cadre plus large de transition énergétique.

Réactions et perceptions régionales

L'augmentation significative des dépenses militaires algériennes, polarise les réactions dans la région, suscitant une attention particulière du Maroc.

Là-bas, médias et analystes expriment leurs préoccupations, certaines allant jusqu'à qualifier cette démarche d'escalade, de la part d'Alger. Cette position contraste cependant avec une réalité difficile à ignorer : depuis des décennies, les institutions marocaines entretiennent ouvertement et officiellement, l'idée d'un Grand Maroc, revendiquant des territoires algériens, maliens, sahraouis et mauritaniens jusqu'à Port Saint-Louis au Sénégal, comme une ambition légitime et soutenue par les ex et nouvelles puissances coloniales.

Une rhétorique qui, étrangement, évoque celle du Grand Israël, alimentée par l'idéologie sioniste. Dans ce contexte, les discours alarmistes, tels que ceux du ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, dénonçant une « menace imminente » venue d'Algérie, apparaissent davantage comme une stratégie de détournement à destination d'une opinion publique marocaine de plus en plus. lassée des manœuvres géopolitiques commanditées par des intérêts occidentaux.

Les tensions entre Alger et Rabat, exacerbées par la rupture des relations diplomatiques en août 2021, trouvent leur origine dans des divergences profondes, notamment autour du Sahara occidental, des tentatives de déstabilisation et du rapprochement stratégique sécuritaire entre le Maroc et Israël. Face à ce contexte de défis régionaux, l'Algérie considère ses investissements militaires comme une réponse nécessaire pour préserver sa souveraineté et garantir la sécurité de son peuple.

Des réformes économiques pour un avenir plus autonome

L'Algérie s'engage aussi dans des réformes économiques ambitieuses pour diversifier son économie et assurer une croissance soutenue.

Parmi ces mesures figurent la promotion des secteurs non énergétiques, notamment l'agriculture, ainsi qu'une simplification des réglementations pour attirer davantage d'investissements étrangers.

En encourageant les petites et moyennes entreprises (PME) et en soutenant l'entrepreneuriat, le gouvernement espère générer de nouvelles opportunités économiques et favoriser une dynamique de croissance plus inclusive. Dans le même temps, l'Algérie projette de renforcer la stabilité de sa monnaie, le dinar, pour protéger le pouvoir d'achat de ses citoyens. Elle souhaite également limiter le recours aux importations en développant sa production, en particulier dans les secteurs agricoles et industriels nationaux, pour renforcer son autosuffisance en produits essentiels et stratégiques.

Avec un budget global de 125,7 milliards de dollars, l'Algérie entend répondre aux défis sécuritaires tout en poursuivant son développement économique. Le FMI anticipe une croissance de 3,8 % pour 2024, mais alerte aussi sur le risque de déficit budgétaire. Néanmoins, avec ces réformes et son budget militaire record, l'Algérie se prépare à affronter l'avenir avec une stratégie ambitieuse et des perspectives de développement renforcées, visant à consolider son économie tout en assurant une sécurité durable.

TRZ